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Passez votre souris sur les Kanjis pour afficher les Furiganas.
Les Kanjis「漢字」, littéralement “caractères chinois”, comme leur nom l’indique, proviennent du chinois. Leur toute première apparition dans la langue japonaise remonte au premier siècle, mais c’est seulement à partir du cinquième siècle que ceux-ci sont réellement ancrés dans la langue. Ils sont à ce moment le tout premier système d’écriture “grande échelle” jamais utilisé au Japon, qui disposait néanmoins déjà de sa propre langue.
À cette époque, il n’y a pas vraiment de règle sur l’association entre Kanji et prononciation. Certes les Kanjis possédaient des prononciations bien définies en chinois, mais ils étaient bien trop nombreux à avoir la même prononciation. Un son japonais pouvait alors s’écrire, suivant l’auteur ou la région, de plein de manières différentes (quasiment jusqu’à la dizaine).
Au huitième siècle, des sinogrammes appelés Man’youganas apparaissent pour simplifier l’écriture phonétique. Ils sont formés à partir d’un ensemble de Kanjis ayant été simplifiés pour en faciliter l’écriture. Ils sont très rapidement simplifiés à nouveau pour donner naissance, au début du neuvième siècle, aux Hiraganas actuels. Cette simplification est surtout utilisée par les femmes qui n’avaient, à cette époque, pas accès au même niveau d’éducation que les hommes.
Les hommes quant à eux, et notamment les moines bouddhistes, ont préféré continuer à utiliser des Kanjis, car plus élitiste. Dans le même souci de simplification cependant, ils ont alors tronqué des parties des Kanjis de l’ensemble ayant donné naissance aux Man’youganas, formant ainsi les Katakanas.
Les Kanjis, malgré les évolutions de la langue, ont toujours été utilisés et ont continués à être importés de la Chine tout au long de l’histoire. Ils servent notamment, comme indiqué au cours n°1, à porter le sens des mots, à représenter les radicaux des verbes, etc…
Le chinois traditionnel comptait au début du vingtième siècle plus de 47 000 caractères, bien que moins
d’un tiers seulement étaient considérés comme courants, ce qui fait tout de même plus de 10 000
caractères courants.
Le japonais, quant à lui, recense (seulement) un peu plus de 10 000 Kanjis, dont seulement
un peu plus de 2 000 sont considérés comme courants et enseignés à l’école.
Le travail est donc nettement moins compliqué en japonais.
Contrairement à l’idée reçue, seulement à peine plus de 4% des Kanjis sont d’origine pictographique. C’est le cas par exemple du Kanji signifiant “montagne” et s’écrivant 山.
Tous les autres Kanjis sont formés par composition de caractères appelés clés. À l’origine, on recensait 540 clés de Kanjis, mais les différentes simplifications lors de l’évolution de l’écriture ont ramené ce nombre à (seulement) 214 aujourd’hui. Ces clés sont notamment utilisées dans les dictionnaires pour classer les mots.
Il existe plusieurs manières de former des Kanjis :
Par décomposition pictographique : L’évolution des Kanjis à travers les siècles a mené à de nombreuses simplifications. C’est le cas de plusieurs Kanjis, notamment liés au règne animal, qui ont vu leur écriture pictographique décomposée pour être recomposée à l’aide de caractères connus. C’est le cas par exemple des Kanjis pour “poisson” ou encore “tortue” dont on peut voir une évolution du dernier sur les images ci-dessous.
Ces évolutions et simplifications ont été telles que le sens lié à la clé d’un Kanji n’est plus toujours respecté. C’est le cas notamment de beaucoup de Kanjis liés à des parties du corps, où la clé est passée par simplification de viande 肉 à lune 月, comme dans la poitrine 胸, le bras 腕, le coude 肘, etc.
Bien que les Kanjis ne portent généralement qu’un seul sens, la très grande majorité d’entre eux peuvent être prononcés de plusieurs manières différentes (allant de 2 à plusieurs dizaines). Ces lectures sont rangées en plusieurs catégories appelées Kun’yomi, On’yomi, ou encore Nanoriyomi.
Une lecture Kun’yomi est, comme son nom l’indique en japonais, une lecture
sémantique d’un Kanji, mais dont la prononciation est historiquement japonaise.
Dans le cas d’une telle lecture, le Kanji, initialement importé du chinois,
conserve le sens du sinogramme dont il est issu, mais voit sa prononciation substituée par une prononciation
japonaise. On parle souvent de lecture japonaise.
Dans les dictionnaires, ces lectures sont écrites en utilisant les Hiraganas.
À l’inverse, une lecture On’yomi, est une lecture phonétique d’un
Kanji issue de la phonétique de formes anciennes du chinois. La prononciation a
bien évidemment été adaptée pour coller aux phonèmes de la langue japonaise, mais n'y puise en aucun cas ses
racines.
Dans les dictionnaires, ces lectures sont écrites en utilisant les Katakanas.
Enfin, les lectures Nanoriyomi sont des lectures d’origine japonaises, non traditionnelles, servant à la formation de noms propres (personnes, villes, lacs, etc…). Ce sont souvent ces lectures qui sont utilisées lors de la pratique de l’Ateji.
Dans la majorité des cas, les lectures Kun’yomi sont utilisées lorsque le
Kanji est présent seul, ou bien utilisé en tant que radical, accompagné
d’Okuriganas, les hiraganas formant la terminaison.
À l’inverse, les lectures On’yomi sont généralement utilisées lorsque le
Kanji fait partie d’un mot composé de plusieurs
Kanjis, bien qu’il existe des mots formés d’un seul
Kanji et où la lecture utilisée est une On’yomi.
Il arrive quelques fois que certains mots composés de plusieurs Kanjis soient prononcés en n’utilisant ni les lectures Kun’yomi ni On’yomi des Kanjis qui les composent. Ces mots ont alors une prononciation qui n’est pas déductible de chaque Kanji. On parle de Jukujikun, signifiant littéralement “lecture de caractères combinés”. Il s’agit d’une lecture Kun’yomi, d’origine japonaise donc, associée à une combinaison figée de plusieurs Kanjis. C’est le cas par exemple des mots ajourd’hui 今日【きょう】 et adulte 大人【おとな】.
Il existe une multitude de mots japonais formés d’une répétition d’un même Kanji. C’est le cas par exemple des mots signifiant “gens”, “divers”, “parfois”, “petit à petit”, ou encore “tour à tour”.
Pour ces mots, plutôt que de s’embêter à écrire deux fois le même Kanji, on utilise un caractère spécial appelé marque d’itération, et noté 「々」. “Divers” par exemple s’écrit alors 色々【いろいろ】.
En complément des 4 règles déjà énoncées, voici 6 autres règles, terminant ainsi la liste des 10 règles d’écriture des Kanjis :
Le Rendaku, aussi nommé par mes soins “un des trucs qui font quand même bien chier les linguistes en Japonais”, est un phénomène imprévisible du Japonais qui consiste à “adoucir” (on devrait dire “voiser”) la première consonne des morphèmes non initaux des mots (comprendre : les parties qui ne sont pas la première).
C’est ce phénomène qui est à l’origine du fait que 手【て】(main) + 紙【かみ】(papier), qui donne 手紙 (lettre), se prononce てがみ et non pas てかみ.
Comme dit plus haut, ce phénomène est imprévisible. Il n’existe aucune règle indiquant quand est-ce qu’il doit se produire. Par exemple, les deux Kanjis 回 et 階 se prononcent かい, mais lorsqu’ils sont utilisés en suffixe du Kanji 三【さん】, le résultat est alors 三回【さんかい】 et 三階【さんがい】.
Il existe tout de même quelques règles qui indiquent quand est-ce qu'il n’est pas possible
d’appliquer le Rendaku, mais cela ne signifie pas qu'il s'applique
systématiquement quand celles-ci ne sont pas respectées.
Par exemple, la Loi de Lyman indique que si le second élément contient une
obstruante voisée, où qu'elle se situe, alors le Rendaku ne s'applique pas. En
termes plus simples, si une partie de droite d’un mot contient déjà un son [g, z, d/j ou b], peu importe
l’endroit, alors “l’adoucissement” de la première consonne ne se fait pas.